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Retour sur le dernier Congrès de l’International Commission for Alpine Rescue, ou ICAR

Fondée en 1948 et organisée autour de 4 commissions dédiées au secours terrestre, au secours aérien, à la médecine d’urgence et au secours en avalanche ainsi que d’une sous-commission dédiée aux maîtres-chiens, l’ICAR a pour objectif la diffusion de connaissances pour améliorer les services de secours en montagne et leur sécurité et, d’élaborer collectivement des recommandations.

Chaque année, le Congrès de l’ICAR est le lieu idéal pour les 123 organisations membres issues de 41 pays pour faire un partage de savoir-faire et d’expérience. Cette année, c’est au sein de la ville italienne de Toblach que les quelques 400 participants ont pris leur quartier.

L’ANENA était bien évidemment présente, au sein du groupe France, pour porter les couleurs et le savoir-faire tricolore.

Après une première journée terrain dédiée à diverses démonstrations et ateliers dont, pour la partie « Avalanche » de neuf exercices consacrés au DVA et aux problèmes d’interférences, le congrès de l’ICAR, la Commission Internationale du Secours Alpin, a officiellement été ouverte le 18 octobre dernier en fin de journée par son président Franz Stampfli.

Au sein de la commission « Secours en avalanche », l’ANENA a classiquement fait un retour sur les accidents de l’hiver dernier.

Le groupe France, tout au long de ce congrès, a réalisé plusieurs présentations dont une portant sur une étude prospective des avalanchés. Cette présentation effectuée par des médecins urgentistes, légistes, secouriste montagne de la CRS Alpes, le SNOSM et l’ANENA portait sur l’étude future du registre des avalanchés. Ce registre sera complété par des données “avalanche” issues d’un nouveau formulaire SNOSM (Système National d’Observation de la Sécurité en Montagne), dores et déjà utilisé par la CRS Alpes et, sans doute, par les autres services de secours en montagne à l’avenir. 

Ce nouveau formulaire, issu d’un groupe de travail où l’ANENA était partie prenante, devrait être commun aux différents services de secours en montagne français. L’objectif est d’avoir une fiche “avalanche” unique, facile et rapide à renseigner en ligne pour les secouristes professionnels. Elle comprendra notamment des items qui intéresseront spécifiquement les médecins urgentistes qui pourront dès lors bénéficier d’informations plus précises et pertinentes sur les avalanchés et les conditions d’accident. Concrètement, médecins et secouristes pourront, peut-être, savoir à quoi s’attendre lors de la prise en charge des victimes, selon la configuration de l’avalanche, du terrain et de la qualité de neige notamment.

L’analyse de ces fiches pourra également apporter des enseignements en termes de prévention et de formation.

Ont également été présentés les résultats d’une recherche américaine sur les effets physiques pour les pisteurs-secouristes artificiers des blasts liés aux explosions lors des PIDA. Les travaux démontrent que la répétition des surpression liées aux explosions sur une journée peut créer des lésions sur les organes sensibles à ces surpressions : oreilles, sinus, poumons… Mais également cerveau. Le cerveau subit en réalité des micro commotions qui peuvent affecter, sur une courte période, les facultés des pisteurs.

L’étude a été conduite auprès de pisteurs travaillant au déclenchement préventif des avalanches au sein de la station américaine de Snowbird. Après plusieurs tirs durant la journée au canon Howitzer, certains d’entre eux peuvent présenter un comportement comparable à celui que provoque la consommation excessive d’alcool. D’autres n’arrivaient pas à faire une simple addition comme : 7+7+7.

La société française Nic-Impex a également présenté une étude concernant les interférences générées par les sacs airbag électroniques, qui peuvent être importantes pour les DVA. Un travail sur une normalisation UIAA (Union Internationale des Associations d’Alpinistes) est en cours.

Le Club Alpin italien a présenté une étude sur le pelletage. Il s’agissait de démontrer s’il est préférable de commencer de creuser au niveau de la sonde ou en retrait par rapport à celle-ci. Les tests de terrain ont démontré que démarrer à la sonde, comme l’ANENA l’enseigne depuis de nombreuses années, permet un gain de 7% de chances de survie en comparaison de la méthode qui spécifie de commencer à une distance équivalente à la profondeur d’ensevelissement.

Une nouvelle courbe de survie lors d’un ensevelissement a également été présentée, s’appuyant sur des données suisses comprises entre les années 1998 et 2020. Concrètement, il n’y a pas de grosse modification par rapport à l’ancienne. Les résultats de cette étude de l’EURAC seront bientôt diffusés.

Thème de cette année, la dernière matinée était dédiée aux impacts du réchauffement climatique pour le secours en montagne.

Deux présentations ont été particulièrement intéressantes. L’une portait sur les problèmes médicaux liés à la chaleur lors d’efforts et au traitement efficace de ces effets. L’autre revenait sur une opération particulièrement engagée du PGHM de Chamonix lors d’un secours en crevasse. Celui-ci était rendu compliqué par l’instabilité de l’environnement glaciaire, la difficulté de trouver des points d’amarrage solides et fiables, la présence de blocs de glace mêlée de roche qui obstruaient la crevasse, en raison de la fonte du glacier des Bossons et de ses évolutions.